Déambulation bibliographique
Petite déambulation bibliographique à l’intérieur de mes sources d’inspiration
La bibliographie qui suit ne répond à aucune des normes académiques en vigueur. Elle suit juste le fil de ma pensée.
Tout d’abord, il me faut dire que les “vers entre eux mêlés” sont des créations réalisées, entre autres, à partir de vers de poèmes que certains reconnaîtront. Et c’est ainsi, qu’à leur insu, Blaise Cendrars, René Char, Victor Hugo, Philippe Jaccottet, Jean-Michel Maulpoix, Saint-John Perse, Gérard de Nerval, Philippe Jaccottet, en particulier, ont été invités au Bal entomologique.
Et sous forme de petites tranches poétiques, voici les titres dont ils sont extraits :
Odelette, dans l'atelier du poète
Lettera amorosa
Du monde entier au cœur du monde
Après beaucoup d'années
Pensées sous les nuages, à la lumière d'hiver
Éloges, éloge d’une insoupçonnée
Vents, fureur et mystère
Chants d’en bas, toute la lyre
Dernière gerbe, Histoire de bleu
Amers
La plupart des ouvrages précédemment cités sont issus de la Collection Poésie chez Gallimard.
Jacques Brosse. L'Insecte, Encyclopédie essentielle, Delpire, 1968. Ce livre est peut-être le plus mystérieux de cette petite bibliographie. Je me le suis offert avec le premier argent gagné. Pourquoi ai-je choisi cette collection “Encyclopédie Essentielle” et ce titre “L’Insecte” ? A cette époque, je n’avais pas la moindre idée qu’un jour je créerais ce Bal entomologique. Et pourtant. Jacques Brosse, ses photos, les illustrations, ses textes ont certainement influencé, à mon insu, mon imagination. L’ouvrage est resté dans ma bibliothèque pendant presque 30 ans. Et puis un jour, il y a eu un incendie et c’est un des rares livres que j’ai pu sauver. Il est abimé, certaines pages sont noircies, on sent encore un peu cette odeur très spéciale de brûlé. Mais pour rien au monde je ne m’en séparerais. Jacques Brosse était un naturaliste, un historien des religions et un philosophe. Il inscrivait en exergue de son ouvrage cette citation de Réaumur
Il ne se trouve nulle part
Autant de merveilleux
Et de merveilleux vrai
Que dans l’histoire des insectes
Alain Cugno, lui, est un philosophe qui nourrit une passion pour les libellules. Ce n’est pas banal. Il observe sans fin la liberté du vol fragile de cet odonate étrange et insaisissable. Alors soyons honnête, ses livres ne sont pas toujours faciles à lire. Mais quand on tombe sur une phrase comme “Les libellules ne volent pas, elles s’en vont - toujours. Leur présence est leur départ. Elles nous quittent.” Je suis transportée.
La Libellule et le philosophe, 2014 Essai (Poche), 2014
Libellules, Vanessa Damianthe, illustration, coll. De Natura Rerum, Klincksieck 2016
Jean-Henri Fabre, Portraits d’insectes, Coll. L’Inattendu, Le Castor Astral, 2017.
Alors, est-ce que, comme on le voit souvent écrit, ce Jean-Henri est le père de l'entomologie ? Probablement pas. Le véritable père de l’entomologie en France serait plutôt Réaumur. Oui, celui de la station de métro à côté de chez moi. Mais qu’à cela ne tienne, en tout cas pour le moment. Dans cet ouvrage sont réunis des Souvenirs entomologiques de Fabre parus à la fin du XIXe siècle. Et ce que j’aime, c’est aller d’un portrait d’insecte à l’autre, par exemple, des fourmis rousses à la cétoine en passant par la sauterelle, sans ordre particulier. Jean Rostand disait de Fabre : “C'est un grand savant qui pense en philosophe, voit en artiste, sent et s'exprime en poète”. Et c’est cet art de transformer ces petits animaux en personnages de roman qui me fascine et m’inspire. Pour les sauterelles vertes, il évoque “l’ardente chasseresse nocturne”, les “artistes nocturnes”. “Écoutons”, écrit-il, “et méditons loin du tumulte. Tandis que la cigale éventrée proteste, la fête se poursuit là-haut sur les platanes avec changement d’orchestre. C’est maintenant le tour des artistes nocturnes”.
Nicolas Witkowski, Papillonnages : une histoire culturelle du papillon, Seuil, 2007.
“Le papillon, écrit Witkowski, a toujours su s'adapter à l'air du temps et offrir un reflet fidèle de nos angoisses les plus secrètes.” Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, mais c’est le jour où j’ai décidé que j’allais créer des papillons que, dans une brocante, je suis “tombée” sur ce livre. Au-delà du symbole, le grand mérite de cet ouvrage est de proposer un panorama de l’histoire culturelle de ces mystérieux “lépidoptères”. Et c’est tout un monde que j’explore “des mystiques hollandais du XVIIe siècle à Jules Michelet et Marcel Proust, de Jérôme Bosch à Salvador Dali et Jean Dubuffet, des folies romantiques du peintre Fuseli aux méditations savantes du naturaliste Jean-Henri Fabre, de l'antique Psyché à la moderne Lolita.” Encore une source inépuisable d’inspiration.
Au rang des objets poétiques, je mets les planches d'histoires naturelles. Celles du volume intitulé Insectes des Planches du Dictionnaire d'Histoire Naturelle de Charles d'Orbigny parues aux éditions Bibliothèque de l'Image, sont tout simplement magnifiques. Je ne me suis probablement pas trompée car il paraît que pour beaucoup de spécialistes, il s’agit des meilleures et des plus belles gravures produites au XIXe siècle dans un ouvrage de vulgarisation de sciences naturelles. J'aime la rigueur, la précision et les couleurs des dessins, j'aime me promener dans l'organisation de la planche, j'aime lire les noms des catégories et les noms improbables des insectes. Et puis il y a ce caractère typographique aujourd'hui délicieusement désuet. À la réflexion, je me dis que ces planches m'ont sacrément influencée, dans mes accrochages et même dans l'élaboration de la page d'accueil de mon site internet ! Eh bien, ces recueils de planches, je les ai trouvés dans une "foire à tout" pour une somme tout à fait modique. Vous comprenez maintenant pourquoi j'aime chiner, fouiller, farfouiller.
Et puis je découvre, tard, mais avec tellement de bonheur, l’existence des Mémoires pour servir à l'histoire des insectes de René-Antoine Ferchault de Réaumur. En fait, il s’agit de la première véritable histoire scientifique des insectes. Le mot d’entomologie n’avait pas encore été inventé. Les six volumes de cette somme sont publiés de 1734 à 1742 par l’Imprimerie royale. Un septième volume est paru au début du XXe siècle. Et déjà les titres me font rêver. Le tome un, par exemple s’intitule : Sur les chenilles et sur les papillons et le deuxième porte ce titre : Suite de l’histoire des chenilles et des papillons : et l’histoire des insectes ennemis des chenilles. La typographie de ces ouvrages du début du XVIIIe siècle est telle que les “s” pourraient ressembler à des “f”. Et si on n’y prête pas garde on pourrait lire “et l’histoire des infectes ennemis des chenilles”. Bonheur ! Je n’ai de cesse de trouver la bibliothèque dans laquelle je vais pouvoir me plonger dans cette merveille.
Tout d’abord, il me faut dire que les “vers entre eux mêlés” sont des créations réalisées, entre autres, à partir de vers de poèmes que certains reconnaîtront. Et c’est ainsi, qu’à leur insu, Blaise Cendrars, René Char, Victor Hugo, Philippe Jaccottet, Jean-Michel Maulpoix, Saint-John Perse, Gérard de Nerval, Philippe Jaccottet, en particulier, ont été invités au Bal entomologique.
Et sous forme de petites tranches poétiques, voici les titres dont ils sont extraits :
Odelette, dans l'atelier du poète
Lettera amorosa
Du monde entier au cœur du monde
Après beaucoup d'années
Pensées sous les nuages, à la lumière d'hiver
Éloges, éloge d’une insoupçonnée
Vents, fureur et mystère
Chants d’en bas, toute la lyre
Dernière gerbe, Histoire de bleu
Amers
La plupart des ouvrages précédemment cités sont issus de la Collection Poésie chez Gallimard.
Jacques Brosse. L'Insecte, Encyclopédie essentielle, Delpire, 1968. Ce livre est peut-être le plus mystérieux de cette petite bibliographie. Je me le suis offert avec le premier argent gagné. Pourquoi ai-je choisi cette collection “Encyclopédie Essentielle” et ce titre “L’Insecte” ? A cette époque, je n’avais pas la moindre idée qu’un jour je créerais ce Bal entomologique. Et pourtant. Jacques Brosse, ses photos, les illustrations, ses textes ont certainement influencé, à mon insu, mon imagination. L’ouvrage est resté dans ma bibliothèque pendant presque 30 ans. Et puis un jour, il y a eu un incendie et c’est un des rares livres que j’ai pu sauver. Il est abimé, certaines pages sont noircies, on sent encore un peu cette odeur très spéciale de brûlé. Mais pour rien au monde je ne m’en séparerais. Jacques Brosse était un naturaliste, un historien des religions et un philosophe. Il inscrivait en exergue de son ouvrage cette citation de Réaumur
Il ne se trouve nulle part
Autant de merveilleux
Et de merveilleux vrai
Que dans l’histoire des insectes
Alain Cugno, lui, est un philosophe qui nourrit une passion pour les libellules. Ce n’est pas banal. Il observe sans fin la liberté du vol fragile de cet odonate étrange et insaisissable. Alors soyons honnête, ses livres ne sont pas toujours faciles à lire. Mais quand on tombe sur une phrase comme “Les libellules ne volent pas, elles s’en vont - toujours. Leur présence est leur départ. Elles nous quittent.” Je suis transportée.
La Libellule et le philosophe, 2014 Essai (Poche), 2014
Libellules, Vanessa Damianthe, illustration, coll. De Natura Rerum, Klincksieck 2016
Jean-Henri Fabre, Portraits d’insectes, Coll. L’Inattendu, Le Castor Astral, 2017.
Alors, est-ce que, comme on le voit souvent écrit, ce Jean-Henri est le père de l'entomologie ? Probablement pas. Le véritable père de l’entomologie en France serait plutôt Réaumur. Oui, celui de la station de métro à côté de chez moi. Mais qu’à cela ne tienne, en tout cas pour le moment. Dans cet ouvrage sont réunis des Souvenirs entomologiques de Fabre parus à la fin du XIXe siècle. Et ce que j’aime, c’est aller d’un portrait d’insecte à l’autre, par exemple, des fourmis rousses à la cétoine en passant par la sauterelle, sans ordre particulier. Jean Rostand disait de Fabre : “C'est un grand savant qui pense en philosophe, voit en artiste, sent et s'exprime en poète”. Et c’est cet art de transformer ces petits animaux en personnages de roman qui me fascine et m’inspire. Pour les sauterelles vertes, il évoque “l’ardente chasseresse nocturne”, les “artistes nocturnes”. “Écoutons”, écrit-il, “et méditons loin du tumulte. Tandis que la cigale éventrée proteste, la fête se poursuit là-haut sur les platanes avec changement d’orchestre. C’est maintenant le tour des artistes nocturnes”.
Nicolas Witkowski, Papillonnages : une histoire culturelle du papillon, Seuil, 2007.
“Le papillon, écrit Witkowski, a toujours su s'adapter à l'air du temps et offrir un reflet fidèle de nos angoisses les plus secrètes.” Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, mais c’est le jour où j’ai décidé que j’allais créer des papillons que, dans une brocante, je suis “tombée” sur ce livre. Au-delà du symbole, le grand mérite de cet ouvrage est de proposer un panorama de l’histoire culturelle de ces mystérieux “lépidoptères”. Et c’est tout un monde que j’explore “des mystiques hollandais du XVIIe siècle à Jules Michelet et Marcel Proust, de Jérôme Bosch à Salvador Dali et Jean Dubuffet, des folies romantiques du peintre Fuseli aux méditations savantes du naturaliste Jean-Henri Fabre, de l'antique Psyché à la moderne Lolita.” Encore une source inépuisable d’inspiration.
Au rang des objets poétiques, je mets les planches d'histoires naturelles. Celles du volume intitulé Insectes des Planches du Dictionnaire d'Histoire Naturelle de Charles d'Orbigny parues aux éditions Bibliothèque de l'Image, sont tout simplement magnifiques. Je ne me suis probablement pas trompée car il paraît que pour beaucoup de spécialistes, il s’agit des meilleures et des plus belles gravures produites au XIXe siècle dans un ouvrage de vulgarisation de sciences naturelles. J'aime la rigueur, la précision et les couleurs des dessins, j'aime me promener dans l'organisation de la planche, j'aime lire les noms des catégories et les noms improbables des insectes. Et puis il y a ce caractère typographique aujourd'hui délicieusement désuet. À la réflexion, je me dis que ces planches m'ont sacrément influencée, dans mes accrochages et même dans l'élaboration de la page d'accueil de mon site internet ! Eh bien, ces recueils de planches, je les ai trouvés dans une "foire à tout" pour une somme tout à fait modique. Vous comprenez maintenant pourquoi j'aime chiner, fouiller, farfouiller.
Et puis je découvre, tard, mais avec tellement de bonheur, l’existence des Mémoires pour servir à l'histoire des insectes de René-Antoine Ferchault de Réaumur. En fait, il s’agit de la première véritable histoire scientifique des insectes. Le mot d’entomologie n’avait pas encore été inventé. Les six volumes de cette somme sont publiés de 1734 à 1742 par l’Imprimerie royale. Un septième volume est paru au début du XXe siècle. Et déjà les titres me font rêver. Le tome un, par exemple s’intitule : Sur les chenilles et sur les papillons et le deuxième porte ce titre : Suite de l’histoire des chenilles et des papillons : et l’histoire des insectes ennemis des chenilles. La typographie de ces ouvrages du début du XVIIIe siècle est telle que les “s” pourraient ressembler à des “f”. Et si on n’y prête pas garde on pourrait lire “et l’histoire des infectes ennemis des chenilles”. Bonheur ! Je n’ai de cesse de trouver la bibliothèque dans laquelle je vais pouvoir me plonger dans cette merveille.
© Elisabeth Gratacap