Enfance rêveuse et solitaire

Dans la maison de mon enfance, il y avait de grands sacs où les femmes de la famille, au fil des générations et de leurs confections, conservaient les chutes de tissus. J’avais la permission de jouer avec ces morceaux d’étoffe et j’ai passé des journées entières à fouiller, choisir, assembler, transformer ces chutes et à inventer un petit monde.

Je ne me suis jamais arrêtée.

À la fin de mes études aux “Métiers d’art”, j’ai présenté, pour mon diplôme, des tentures murales composées d’applications textiles. Plus tard, c’est cet esprit de jeu de matières et de couleur qui est devenu l’emblème de La Bonne Renommée, la boutique de vêtements, d’accessoires et d’objets décoratifs que mon amie Catherine Legrand et moi avons créée dans le Marais.

Puis, quand est venu le temps d’un travail plus solitaire, je me suis entourée de papillons, d’abord, puis de coléoptères et de tous les insectes de la création. J’ai continué à glaner, à récupérer, à détourner des vestiges du passé, des presque riens ou des trésors, autant de reliques et de mémoires minuscules accumulées qui renaissent en pièces originales uniques et contemporaines, mêlées à mes propres souvenirs.

Mes souvenirs entre eux mêlés.

Styliste, plasticienne et artiste entomologiste

En 1971, Elisabeth Gratacap prépare les concours des écoles d’art à l’Atelier Penninghen. Elle intégrera l’École nationale supérieure des Métiers d’Art, rue Olivier de Serres, à Paris.

Elle commence par enseigner le dessin et les arts plastiques à des collégiens tout en poursuivant sa formation aux Beaux-Arts de Paris.

C’est en 1977 que commence, avec son amie Catherine Legrand, l’aventure de La Bonne Renommée. Et c’est tout un univers de créations pour la mode et la maison que l’on retrouvera dans l’attachante boutique et son atelier niché dans le Marais. Les inspirations ethniques se mêleront aux découvertes culturelles, picturales et historiques L’aventure durera 35 ans.

Pour clore cette belle collaboration, elles publient À la bonne renommée : 136 saisons, chez Somogy Editions d’Art. Elles y dévoilent les sources d’inspiration qui ont nourri les thèmes de leurs collections.

Depuis 2012, dans son atelier parisien, Elisabeth Gratacap invente un univers, entre beauté et mystère, où se faufilent dans une sorte de “Bal entomologique” des papillons iridescents, de délicats coléoptères, de poétiques scarabées…

Entre rêve et réalité.